Alors au stade de projet depuis quelques années, l’Allemagne et le Danemark sont passés à l’action, le 4 janvier 2022, pour entamer les travaux du plus long tunnel immergé au monde. L’objectif ? Relier la Scandinavie au reste de l’Europe dans quelques années grâce à des installations routières et ferroviaires. À peine commencé, le projet doit déjà faire face à quelques mécontentements.
Naissance d’un tunnel immergé à plus 7,4 milliards d’euros
Les travaux du tunnel immergé, le Stad Skipstunnel, reliant l’Europe à la Scandinavie, commencent enfin en ce mois de janvier 2022. Débutant en Allemagne, le tunnel immergé aura pour objectif d’ouvrir un passage, sous la mer Baltique, aux voies ferroviaires et au transport routier en Scandinavie. Avec un budget de 7,4 milliards d’euros et 18 km de route, il s’agira du plus long tunnel sous-marin au monde. Il se présentera sous cinq voies : deux ferroviaires, deux routières et une voie technique, installées sur 60 mètres de large. Ce projet, d’une ampleur inédite, nécessitera 19 millions de mètres cube de pierre et de sable et l’équivalent de 50 tours Eiffel en acier.
Les travaux seront exécutés sur plus de huit ans et occuperont, chaque année, jusqu’à 4 000 ouvriers. Côté finances, le tunnel immergé à plus de 7 milliards d’euros est pris en charge de moitié par l’Union Européenne. Femern A/S, la société publique en charge du projet, compte sur les passagers et les automobilistes pour financer le tunnel. Selon leurs estimations, il faudra en moyenne 36 ans pour pouvoir finir de rembourser les emprunts. À noter qu’un voyage à bord de ce tunnel immergé coûtera en moyenne 66,4 euros par voyageur.
Un tunnel faisant face à des conditions météorologiques difficiles
Si un tel tunnel voit aujourd’hui le jour, c’est pour diminuer les temps de trajets, mais c’est également pour pallier les conditions météorologiques difficiles auxquelles les ferries doivent faire face. Le cap Stad est le point du littoral norvégien le plus soumis aux rafales et possède une des mers les plus dangereuses. Dans cet endroit, le mauvais temps peut survenir jusqu’à 100 jours par an. Ces aléas météorologiques sont catastrophiques pour les ferries qui enregistrent de nombreux naufrages ayant déjà coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes.
L’Allemagne et le Danemark se réjouissent déjà de la construction de ce tunnel, raccourcissant considérablement les temps de trajet qu’il y a aujourd’hui entre les deux nations. En effet, selon Vinci, ces nouveaux axes ferroviaires et autoroutiers pourront permettre aux usagers de rejoindre l’Allemagne ou le Danemark en 10 minutes en voiture, ou en 7 minutes en train. À savoir qu’aujourd’hui, il est nécessaire de voyager une heure en ferry (avec des aléas climatiques) ou de procéder à un détour de 160 kilomètres.
Un projet essuyant de nombreuses critiques
Officiellement, les travaux auraient dû débuter en 2015 pour se finir cette année. Le projet a donc pris un retard considérable, un ralentissement principalement dû à la complexité de la construction et à la protestation des Allemands. Car, si côté danois le tunnel immergé a déjà pris forme depuis quelques mois, l’Allemagne résiste, pointant du doigt les conséquences désastreuses d’une telle installation sur l’environnement. Les associations écologiques, montées au créneau pour porter plainte et procéder à de nombreux recours administratifs, ont ainsi repoussé de nombreuses fois la construction du tunnel.
Le tunnel traversera une zone marine protégée, abritant récifs, bancs de sables rares, coquillages, éponges, phoques, marsouins et autres espèces rares et en voie d’extinction. Par ailleurs, les associations déclarent qu’une telle installation est inutile et les trafics surestimés. Selon leurs calculs, les ferries actuels n’ont un taux de remplissage que de 40 % seulement. Si les statistiques sont bonnes, nul doute que les conditions météorologiques actuelles et les dangers que représentent les voyages en ferries ne favorisent pas l’envie pour les passagers de s’y aventurer.